En mer, la chute ne prévient pas !
#2 flotter
Si malgré toutes les mesures de prévention prises à bord pour éviter la chute à la mer un marin tombe par-dessus bord, il doit flotter en sécurité grâce à un équipement de protection individuelle (EPI) contre le risque de noyade fiable et adapté. Encadrés au niveau réglementaire et normatif, cet EPI est destiné à assurer la flottabilité de l’homme à la mer en toutes circonstances. Mais pour être efficace, il doit être adapté au travail à bord, régulièrement vérifié et les marins doivent être formés à son utilisation.
LA RÉGLEMENTATION ENCADRANT LES E.P.I. CONTRE LE RISQUE DE NOYADE
Qu'est-ce qu'un EPI contre le risque de noyade ?
Un EPI contre le risque de noyade est un équipement destiné à être porté par un marin lorsqu’il est exposé, dans son activité, à un risque de chute à la mer et de noyade. Cet équipement doit pouvoir faire remonter un homme à la mer épuisé ou sans connaissance aussi vite que possible à la surface, sans porter atteinte à sa santé et le faire flotter dans une position lui permettant de respirer dans l’attente des secours1. Il peut présenter une flottabilité intrinsèque totale ou partielle ou encore obtenue par gonflage soit au moyen d’un gaz libéré automatique- ment ou manuellement, soit à la bouche.
Et en pratique ?
Techniquement, les équipements disponibles sur le marché qui répondent à la définition de l’EPI contre le risque de noyade sont les gilets de sauvetage constitués de mousse et les gilets autogonflants. Cependant, en situation de travail, les gilets autogonflants sont les plus appropriés
Le cas des EPI d'aide à la flottabilité
Les aides à la flottabilité (niveau de performance 50 conformes à la norme ISO 12402-5) ne répondent plus au cahier des charges des EPI contre le risque de noyade au sens de la réglementation. Ils devront être remplacés progressivement d’ici le 31 décembre 2019.
Quelles obligations pour les marins professionnels ?
Depuis 2007, le port d’un EPI destiné à prévenir le risque de noyade est obligatoire pour les gens de mer en cas d’exposition au risque de chute à la mer et notamment : lors des opérations de pêche, en cas de travail de nuit, en l’absence de visibilité ou en cas de circonstances météorologiques défavorables et lors de trajets en annexes ou autres embarcations légères. Le port de cet EPI est également obligatoire en toute circonstance le justifiant, dont le capitaine est le seul juge.
Les obligations pour les employeurs ?
Comme pour tout autre EPI (gants, casques, bottes de protection, etc.), l’employeur doit mettre à disposition gratuitement un EPI contre le risque de noyade (homologué ) à ses marins, adapté au travail à effectuer et à usage personnel. Il doit également former et informer ses marins sur les conditions d’utilisation et d’entretien de leurs équipements. De leur côté, les marins sont tenus d’observer ces prescriptions.
La vérification annuelle obligatoire
Les EPI contre le risque de noyade sont soumis à une vérification annuelle obligatoire, réalisée par une personne compétente (prestataire agréé ou personnel formé). Elle porte essentiellement sur l’état de l’enveloppe externe, l’étanchéité de la chambre gonflable et l’état de la cartouche de gaz. A l’issue des contrôles, la prochaine date de vérification est inscrite sur l’équipement et un certificat est émis. Celui-ci doit être consigné dans le registre de sécurité du navire par l’employeur.
Les sanctions administratives et pénales
L’absence de mise à disposition d’EPI contre le risque de noyade expose l’employeur à une contravention de 1500 €. Le non-port de cet EPI dans les situations prévues expose également le marin à une contravention de 1500 €. Dans le cas d’un décès consécutif à une chute à la mer, la responsabilité civile et pénale de l’employeur peut être engagée au titre de sa faute inexcusable pour manquement à ses obligations de sécurité.
Les E.P.I. contre le risque de noyade
Principe de fonctionnement
Ces EPI sont composés d’au moins une chambre gonflable reliée à une cartouche de gaz par l’intermédiaire d’un dispositif de percussion, l’ensemble étant replié et protégé par une enveloppe extérieure. Prenant le plus souvent la forme d’un fer à cheval, ces équipements sont passés autour du cou de l’utilisateur et fermés à l’aide d’une boucle ventrale. En cas de chute à la mer, le percuteur se déclenche automatiquement au contact de l’eau et la chambre se gonfle immédiatement, assurant le retournement de la victime sur le dos, même in- consciente. Le volume gonflé se répartit sur le devant du buste, sur les côtés et l’arrière de la tête, permettant de maintenir les voies respiratoires hors de l’eau.
Trois niveaux de performance
Les EPI contre le risque de noyade sont répartis en trois niveaux de performance : 100, 150 ou 275 (indique la flottabilité minimum, exprimée en Newton, procurée par l’EPI pour un porteur référent de 70 Kg). Ils comportent une chambre gonflable reliée à un système de gonflage automatique, manuel ou buccal. Plus le niveau de performance est élevé, plus le volume de la chambre gonflable est important. La vitesse de retournement et la flottabilité augmentent également, tout comme le poids de l’équipement.
Conseils d’utilisation
Pour un fonctionnement optimal, un EPI contre le risque de noyade doit toujours être porté par-dessus sa tenue vestimentaire. Il doit être correctement ajusté sans être trop serré. La sangle sous-cutale, quand elle existe, doit être clipsée.
Équipements obligatoires et facultatifs des e.P.I. contre le risque de noyade
EPI replié
Équipements obligatoires
1. Enveloppe extérieure : en tissu plus ou moins résistant et imperméable ; 2. Fermeture de l’enveloppe : par velcros, boutons pression ou fermeture éclair ; 3. Boucle de fermeture : en plastique (souvent plus facile à mettre en œuvre) ou en métal (plus difficile à mettre en œuvre, mais plus solide) ; 4. Tirette de percussion : pour déclencher manuellement le système de gonflage ; 5. Chambre gonflable : repliée dans l’enveloppe extérieure et reliée au système de gonflage, elle assure la flottabilité de l’utilisateur une fois gonflée
Équipements optionnels
6. Date de vérification annuelle : indique la prochaine date de vérification obligatoire (apposée à l’intérieur de l’enveloppe extérieure ou sur la chambre gonflable)i ; 7. Bandes réfléchissantes : pour la haute visibilité ; 8. Fenêtre de contrôle : permet de contrôler l’état du système de gonflage automatique/manuel sans ouvrir l’enveloppe extérieure ; 9. Sangle sous-cutale : améliore le maintien de l’équipement gonflé sur l’utilisateur
EPI gonflé
Équipements obligatoires
1. Bandes réfléchissantes : augmentent la visibilité de l’homme à la mer ; 2. Système de gonflage automatique et manuel : permet de percuter automatiquement (au contact de l’eau) ou manuellement la cartouche de gaz ; 3. Cartouche de CO2 : pour remplir la chambre gonflable ; 4. Embout buccal : permet le gonflage (à la bouche) et le dégonflage (à la main) de la chambre gonflable ; 5. Sifflet : facilite le repérage de l’homme à la mer ; 6. Boucle de repêchage : facilite la récupération manuelle de l’homme à la mer
Équipements optionnels
7. Balise individuelle de localisation : permet la localisation de l’homme à la mer ; 8. Lampe flash : augmente la visibilité de l’homme à la mer, de jour comme de nuit, déclenchement manuel ou automatique ; 9. Bâton lumineux : émet une lumière grâce au mélange de deux produits chimiques, après pliage manuel du bâton ; 10. Fluorescéine : poudre colorante conditionnée en sachet qui, une fois diluée dans l’eau, facilite le repérage aérien
Les systèmes de gonflages
Les systèmes de gonflage sont composés d’une cartouche de gaz et d’un percuteur. L’ensemble est fixé à la chambre gonflable des EPI contre le risque de noyade. En cas de chute à la mer, le percuteur entre en contact avec l’eau et libère automatiquement le gaz comprimé contenu dans la cartouche. Une tirette, reliée au percuteur, permet également une percussion manuelle.
Éléments constitutifs
1. Cartouche de gaz : vissée sur le percuteur, elle contient du CO2 ; son poids varie selon le niveau de performance de l’équipement : 24g pour les niveaux de performance 100, 33g pour les 150 et 60g pour les 275 ; 2. Tirette de percussion manuelle ; 3. Poinçon métallique : pour percer la cartouche de gaz et libérer le CO2 ; 4. Élément hydrosoluble : se dissout automatiquement au contact de l’eau ; 5. Témoins d’états du système de gonflage : permettent de déterminer, selon les modèles, si la cartouche de gaz est correctement vissée sur le percuteur et si les percussions manuelle et automatique sont opérationnelles ; 6. Chambre gonflable
Principe de fonctionnement
> Déclenchement manuel : la tirette de percussion est actionnée manuellement. Le poinçon métallique perce la cartouche de gaz, la chambre gonflable se remplit. Le témoin de percussion manuel change d’état.
> Déclenchement automatique : le système de gonflage entre au contact de l’eau suite à une chute à la mer. L’élément hydro- soluble se dissout au contact de l’eau. Un ressort pousse le poinçon dans la cartouche de gaz, la chambre gonflable se remplit. Le témoin de percussion automatique change d’état.
Le cas du système hydrostatique
À la différence des autres dispositifs qui peuvent se déclencher au contact de l’eau sans être totalement immergés, le système hydrostatique nécessite une immersion dans plus de 10 cm d’eau pour déclencher la percussion automatique. Ce dispositif permet d’éviter les déclenchements intempestifs qui peuvent survenir sur les percuteurs non-hydrostatiques exposés régulièrement à l’humidité ambiante (pluie, paquet de mer, eau de lavage, etc.).
1. Tirette de percussion manuelle ; 2. Boîtier étanche : contient l’élément hydrosoluble ; 3. Témoin de couleur : indique l’état fonctionnel du système de gonflage (vert = opérationnel / rouge = non-opérationnel, à changer) ; 4. Valve hydrostatique : bouche hermétiquement le boitier étanche, mais s’ouvre lorsqu’elle est immergée sous plus de 10 cm d’eau ; 5. Chambre gonflable ; 6. Embout de fixation : s’emboîte sur l’arrière du boîtier étanche ; un joint d’étanchéité s’intercale entre l’embout et le boîtier étanche pour assurer la fermeture hermétique de la chambre gonflable ; 7. Cartouche de gaz : vissée sur un embout en plastique, lui-même fixé sur l’arrière du boîtier étanche ; l’ensemble cartouche + embout est installé à l’intérieur de la chambre gonflable et n’est donc pas visible de l’extérieur